Gros plan sur un métier méconnu
Mais qui se cache derrière ce détective aux multiples loupes ?
Si traquer les erreurs d’orthographe ou de grammaire fait naturellement partie de son quotidien, quel est réellement le rôle de ce professionnel ? Dans ce premier article d’une série consacrée à son métier, nous allons découvrir les différentes loupes de ce limier méconnu : le correcteur !
Le correcteur, un fin limier
Si le rôle du correcteur est de mener l’enquête afin d’éliminer toutes les erreurs qui pourraient entacher la qualité d’un écrit, on ne saurait résumer ses missions à la seule correction de l’orthographe et de la grammaire ! En véritable garant de la qualité du résultat final, le correcteur s’assure également de la cohérence du texte, qu’il s’agisse d’un roman, d’un article de presse, d’un rapport professionnel ou d’un simple courrier.
Tâche minutieuse, véritable enquête de terrain, le travail du correcteur consiste à vérifier et à améliorer tous les aspects d’un texte :
- L’orthographe et la grammaire,
- La syntaxe,
- La ponctuation,
- La typographie,
- La cohérence globale,
- La clarté de l’expression,
- Le style et son adéquation au public visé,
- La fiabilité des informations.
Les différentes facettes de l’enquête
Le champ d’intervention du correcteur est vaste, riche et varié, et l’on y distingue plusieurs spécialités, chacune mettant en œuvre un ensemble de compétences spécifiques, comme autant de loupes polies pour de multiples enquêtes. Selon les besoins du client, le correcteur sera alors préparateur de copie, correcteur d’épreuves, relecteur, rewriter ou réviseur.
La correction orthotypographique
Orthographe, grammaire, conjugaison, ponctuation, typographie, tout est scruté à la loupe ! Le correcteur s’assure que les accords sont justes, que la ponctuation est correcte, que les règles typographiques sont respectées… Mission la plus évidente du métier, celle à laquelle tout le monde pense de prime abord, elle n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg, ne représentant qu’une infime portion de la tâche qui incombe au correcteur.
La préparation de copie
Cette étape consiste à préparer le texte brut final en vue de son impression ou de sa publication en ligne. Le préparateur de copie, qui est alors ici un lecteur-correcteur, effectue une correction orthotypographique exhaustive, unifie les graphies et les enrichissements typographiques, corrige les titres, les tableaux, les légendes, harmonise la mise en forme des titres, intertitres, citations, notes, etc., vérifie la cohérence des références, procède à la vérification des informations, signale les problèmes de vocabulaire (répétitions, pléonasmes, barbarismes…) et propose ponctuellement des améliorations de la syntaxe ou du vocabulaire, établit un examen critique de la structure du texte et de sa hiérarchisation, assorti d’éventuelles propositions d’amélioration… et s’assure que l’ensemble est cohérent, prêt à être mis en page.
La correction d’épreuves
En fin de chaîne éditoriale, lorsque le texte a été coulé dans la maquette, intervient le correcteur d’épreuves dont la tâche est de vérifier tous les (nombreux !) détails avant l’impression. À son tour, le correcteur d’épreuves effectue une lecture attentive aux règles typographiques et corrige les erreurs d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, de ponctuation, il complète les unifications orthotypographiques, stylistiques et des graphies, et propose des améliorations de la syntaxe ou du vocabulaire. Dans le cas d’une traduction, il contrôle ponctuellement le texte à l’aune de la version originale, afin de s’assurer de la conformité entre le texte source et le texte cible. Si la copie préparée (le texte contenant les corrections et les commentaires du préparateur de copie) lui est remise, il vérifie que l’intégration des corrections a été exécutée sans erreur ni oubli et compare le texte avec les épreuves d’imprimerie pour détecter d’éventuelles erreurs introduites lors de la composition. Il contrôle la mise en page, la composition du texte et de ses paragraphes, l’appareil éditorial, procède à la lecture critique des éléments visuels, graphes, illustrations, ornements typographiques… et s’assure que l’ensemble est harmonieux et professionnel.
La relecture
Au-delà de la simple correction des erreurs, la relecture permet d’évaluer la cohérence globale du texte, sa fluidité et sa clarté. Le relecteur lit attentivement le texte pour s’assurer que le raisonnement est logique, les idées bien reliées entre elles, le texte facile à comprendre, et détecter les éventuelles erreurs.
La réécriture (ou le rewriting)
Elle consiste à reformuler des phrases ou des passages entiers pour améliorer la clarté, la fluidité ou le style lorsque le texte présente des difficultés de compréhension ou des lourdeurs stylistiques. Le rôle du rewriter est d’améliorer la qualité stylistique du texte, d’en augmenter l’efficacité et d’en ajuster le ton, en apportant des suggestions pour le rendre plus percutant, plus élégant ou plus adapté à son public. Dans cet objectif, il peut simplifier des phrases complexes, remplacer des mots par des synonymes plus précis ou améliorer la construction des paragraphes.
La révision
Elle consiste à vérifier la conformité du texte par rapport à un cahier des charges. Le réviseur apporte des modifications profondes au texte, que ce soit au niveau du contenu ou de la structure. Il vérifie la pertinence des arguments et l’exactitude des informations, restructure des paragraphes, supprime les redondances, ajoute des informations complémentaires, et s’assure que le contenu est adapté à l’audience cible et répond aux objectifs fixés.
La révision de traduction
Préparation de copie augmentée, elle implique de se reporter à la source en langue étrangère. Le réviseur de traduction est un préparateur de copie spécialisé qui vérifie la qualité d’une traduction en comparant le texte source et le texte cible. Son rôle est de déceler les éventuels faux-sens, contresens, oublis et de contribuer à la qualité du texte produit par le traducteur.
Une filature méticuleuse et exigeante
Si connaître les subtilités de la langue française et être capable de les appliquer avec rigueur sont évidemment des prérequis indispensables, ces seules dispositions ne suffiront pas à faire du professionnel un correcteur compétent, tant les qualités requises pour exercer ce métier sont nombreuses :
- excellente maîtrise de la langue française,
- sens du style et de la formulation,
- grande rigueur et sens aigu du détail,
- sens aigu de la cohérence et de la logique,
- esprit critique,
- sens de la synthèse,
- curiosité intellectuelle,
- grande capacité d’adaptation,
- précision,
- patience,
- bonne culture générale,
- goût pour la lecture,
- capacité à travailler de manière autonome… mais aussi en équipe !
Les cibles du correcteur
Le correcteur peut travailler pour des maisons d’édition ou la presse, mais aussi pour des agences de communication, des entreprises, des associations, ou encore pour des particuliers (étudiants, demandeurs d’emploi…). De nos jours, il exerce le plus souvent sous un statut indépendant (en micro-entreprise dans la plupart des cas).
Mais pourquoi faire appel à un correcteur ? Faire appel à un correcteur, c’est s’assurer que son texte sera présenté sous son meilleur jour. Cela est particulièrement important pour :
- Les auteurs : qu’ils soient publiés ou auto-édités, les auteurs ont tout intérêt à faire relire leur manuscrit par un professionnel pour garantir la qualité de leur ouvrage.
- Les entreprises, les associations : celles-ci utilisent les services d’un correcteur pour améliorer la qualité de leurs communications internes et externes (rapports, présentations, sites web…) et ainsi valoriser leur image.
- Les étudiants : les étudiants peuvent faire appel à un correcteur pour qu’il vérifie leurs mémoires, thèses ou autres travaux.
Conclusions de l’enquête ?
Le correcteur joue donc un rôle essentiel dans la production de contenus de qualité. En s’assurant que les textes sont impeccables, tant sur la forme que sur le fond, il contribue à la crédibilité de leurs auteurs et à la satisfaction de leurs lecteurs. En véritable détective, il mène une enquête rigoureuse et veille à ce que les mots soient utilisés avec justesse et précision, tout en ajustant ses loupes pour garantir la fiabilité et la cohérence du contenu. Professionnel indispensable, son expertise est précieuse pour les auteurs, les éditeurs, les entreprises, les associations, les institutions ou les particuliers soucieux de la qualité de leurs écrits, quels qu’ils soient.
Dans les prochains articles de cette série consacrée au métier de correcteur, nous explorerons plus en détail les différentes facettes de cette profession passionnante : ouvrez l’œil !